Compte-Rendu Stage avec Raqia Hassan
C’est à l’occasion du festival Raks Montpellier 2012 organisé par Drissia et Sylvie Aziyadé que j’ai eu le plaisir de suivre 2 stages dispensés par Raqia Hassan, chorégraphe et professeur à la renommée internationale, ancienne membre de la troupe de Mahmoud Reda et organisatrice du célèbre festival Ahlan Wa Sahlan qui se déroule chaque année au Caire.
Le 1er stage s’intitulait « enchaînements de pas à la Raqia Hassan ». Il était donc consacré à l’étude des mouvements souvent utilisés par Raqia et interprétés à sa façon. A la fin, nous avons fait 2 débuts de chorégraphies sur 2 chansons différentes mais l’intérêt du stage résidait surtout dans la 1ère partie consacrée à la technique.
Raqia nous a d’abord expliqué les nuances qui existaient entre les mouvements, notamment, le « hip drop » ou baladi jeté qu’elle ne twiste pas comme je le vois chez beaucoup de danseuses, elle le fait pieds plats, ce qui donne à ce mouvement une énergie assez particulière, le mouvement est plus petit mais paradoxalement, il est beaucoup plus « marqué ». Pour mieux comprendre où je veux en venir, voici le lien d’une vidéo d’un DVD de technique qui explique cette nuance-là. Si vous cliquez sur le lien, vous verrez qu’elle explique un mouvement, selon différents styles, le style ghawazee, le style classique, et le style folklorique. Pour le baladi jeté, c’est à 1 :58.
Elle nous a également montré un mouvement que l’on voit beaucoup chez Samia Gamal, un genre demi-chameau avec une seule hanche qui se finit en rentrant le ventre et cela en alternant une hanche puis l’autre avec le mouvement de bras qui accompagne. L’imitation était assez saisissante. D’ailleurs, Raqia considère Samia Gamal comme une source intarissable d’inspiration pour toutes les danseuses orientales. Pour comprendre de quoi je parle, (0:48 à 0:50).
Un autre mouvement consiste à se déplacer de profil en demi-cercle et à twister la hanche en jetant le pied et à continuer le demi-cercle du profil opposé, pour mieux comprendre (voir sur le 1er lien à 4 :32 mais dans la vidéo il est fait de face), tout cela comme si nous marchions, de la façon la plus naturelle possible. A cet égard, le mouvement naturel, une danse aussi naturelle comme si nous marchions ou nous respirions est un leitmotiv chez Raqia Hassan et cela transparait dans sa danse où tout semble facile, évident, inné. J’ai bien aimé cette approche de la danse dans la mesure où je déteste les danseuses qui font comprendre par des mimiques ou des attitudes pseudo théâtrales que ce qu’elles font est très difficile et complexe techniquement.
Le 2ème stage était consacré à une chorégraphie de chaabi avec une énergie très populaire, vraiment « street chaabi » mais malgré tout très élégante. Raqia Hassan attache aussi une importance particulière à l’élégance de la danseuse, elle nous a à un moment donné, montré comment se déplacer, comme si nous étions « des reines ». Il est vrai que malgré certains mouvements que je trouve parfois limites (coup de bassin en avant, oumi avec les pieds un chouia trop écartés pour moi,) elle n’est jamais vulgaire et reste classe.
Sa chorégraphie était dynamique et agréable à danser, certains mouvements mimaient les paroles de la chanson qui raconte une histoire de séduction coquine mais la chorégraphie était surtout l’occasion de mieux comprendre la technique de Raqia Hassan et de la danse égyptienne en général et de voir comment certains mouvements ont été un peu « galvaudés », notamment les chameaux. Raqia Hassan explique que l’énergie doit venir du bassin, du ventre et non du buste qui doit rester immobile. Le chameau qui part du buste est avant tout l’interprétation de ce mouvement par les danseuses tribales. La chorégraphie débutait par des arabesques, un mouvement qui selon elle, est oriental mais qui a été adopté par la danse classique occidentale et non le contraire comme on pourrait le penser, l’étymologie même du mot soulignant cette origine. Mais ici, les arabesques de R Hassan n’ont plus grand-chose à voir avec le mouvement tel que j’ai pu l’apprendre, la jambe est pliée. Il s’agit de l’arabesque façon « ghawazee », ce qui a été l’occasion pour elle de nous expliquer qu’elle aimait bien intégrer des mouvements ghawazee dans les chorés de chaabi. Là aussi, l’extrait vidéo illustre bien les nuances qu’elle fait dans la façon d’interpréter le mouvement. (à 2:32).
Enfin, de façon générale, elle danse essentiellement pieds plats, presque jamais en demi- pointe, ce qui donne beaucoup de puissance et d’amplitude à ses mouvements de bassin. Elle fait ses shimmies jambes complètement tendues avec ses genoux.
Sa danse est très expressive et j’ai adoré la regarder danser, elle a vraiment ce que l’on appelle en espagnol, le « duende », un truc inexplicable qui la rend magnifique et j’ai regretté de ne pas avoir pu la filmer afin d’immortaliser ce moment.
En conclusion, j’ai apprécié ces 2 stages car j’ai trouvé son approche de la danse intéressante, j’ai bien aimé son interprétation de la danse tout en finesse et la précision qu’elle apporte à l’exécution des mouvements et leurs nombreuses variantes.
Je reste toutefois mitigée quant à la façon dont le stage s’est déroulé, j’aurais aimé qu’elle décortique davantage la chorégraphie, qu’elle la décompose mieux. Il faut préciser que les précédents stages que j’ai pu faire étaient beaucoup plus « carrés », là, c’était un petit peu « je danse et vous me suivez », j’ai trouvé que de ce point de vue, c’était un peu approximatif.
De plus, à chaque stage, elle nous a fait un petit speech sur la danse orientale et nous a asséné quelques belles banalités du style « la danse orientale, c’est beau, c’est la vie, il faut aimer la danse, il faut danser avec ses sentiments, blablabla… » . Je crois que toutes les stagiaires ne seraient pas là si elles n’avaient pas déjà été convaincues de tout ça, bref, j’ai trouvé que c’était un peu inutile et j’attendais autre chose dans ce stage surtout venant d’une chorégraphe avec un tel background, une telle expérience et une interprétation vraiment très personnelle de la danse.